Note film : 8/10 Tandis que Marvel et Disney nous inondent depuis des années de leurs blockbusters de super-héros en collants moulax, décontractés, vanneurs et parfois même un peu concons, Warner et DC Comics se font moins prolixes, se dispersent beaucoup moins (face à Iron Man, Captain America, Thor, Hulk et les secondaires Hawkeye et Black Widow ils n’ont guère que Superman et Batman à envoyer au front) et partent dans des optiques très différentes. Aux punchlines, aux héros coolos et aux vilains ras du bulbe, Warner, par la grâce d’un Christopher Nolan transcendé, présente dans la trilogie du Dark Knight un Batman torturé, en proie à ses démons, en lutte contre des ennemis pas si éloignés de lui. Après ce succès public et critique, le studio historique tente de faire revivre un autre super héros mythique, Superman… Nolan chapeaute (épaulé au scénario une nouvelle fois par David S. Goyer ), Zack Snyder (L’armée des morts, 300) hérite de la réalisation. Batman mourait sans gloire en 1997 sous les coups de boutoir d’un Joel Schumacher déchaîné ; mais Nolan, à la surprise quasi génerale le ressuscitait avec panache en 2005, aiguisant l’appétit de Warner : Bryan Singer, le talentueux maître d’œuvre de Usual Suspects et de X-men récupérait la lourde tâche de faire revivre Superman. Las, Superman returns, sorti en 2006, s’avère un gros pétard mouillé, la faute à un scénario pas terrible (malgré quelques pistes intéressantes) et à un très mauvais Brandon Routh, nouveau-venu au charisme d’une huître (disparu des radars depuis, hormis une apparition géniale dans Zack et Miri font un porno de Kevin Smith). Warner accuse le coup quelques années avant de faire appel à son protégé Nolan pour relancer l’homme d’acier : si le kryptonien n’est pas autant en vrac que l’homme chauve-souris post-schumacher, le pari reste risqué. Nolan se contente du scénario et de la production, Snyder (dont le Watchmen est une des meilleures adaptations de comics au cinéma) se voit confier la réalisation. Cette collaboration à priori pas vraiment naturelle prend tout son sens dans ce Man of Steel, super héros movie mâtiné de space opéra et de tragédie, réussite scénaristique, émotionnelle et technique. Nolan et Goyer bétonnent une nouvelle fois leur scénario et pas besoin d’être particulièrement familier de l’univers de Kal-El/Superman/Clark Kent pour en comprendre les tenants et les aboutissants, à coups de scène d’ouverture sur Krypton de toute beauté et de flash-backs explicatifs : tout est expliqué au profane, de la dantesque fin de Krypton, aux relations conflictuelles Jor-El (le père biologique de Superman)/ Zod en passant par la signification du sigle sur la tenue de notre héros (on croyait bêtement que c’était un « S » pour « Superman »…). Les deux scénaristes peaufinent également à l’extrême les personnages, extra-terrestres comme humains. Le général Zod, génocidaire en puissance ne faisant que peu de cas du genre humain, ne développe pas de lubie mégalomaniaque mais se bat pour la résurrection de son peuple : la fin semble louable mais Zod se trompe lourdement sur les moyens et ne comprend pas que Kal-El (Superman) prenne fait et cause pour les terriens, à qui il a toujours dû cacher sa véritable nature et qui l’ont mis au piloris à la première occasion. Porté par un Michael Shannon une nouvelle fois extraordinaire, Zod n’a rien à envier à un Bane ou à un Joker. Les parents biologiques et adoptifs de Superman sont également très gâtées, notamment par les retours en fanfare de Russel Crowe (Jor-El), pas vu aussi bon depuis belle lurette et de Kevin Costner (Jonathan Kent), dont l’interprétation sobre et émouvante (la grande scène d’émotion du film est pour lui), après celle de The Company Men, fait regretter sa rareté sur grand écran (l’acteur serait pas facile facile). Quant à Henry Cavill, Superman, il est bel et bien la révélation du film, parfait en super héros à la dimension christique (l’élu, le sauveur, âgé de 33 ans, prompt au sacrifice…), aussi à l’aise dans le doute, que dans l’affirmation de soi ou dans l’intime (très beau couple avec Lois Lane-Amy Adams) : il est lui aussi un personnage tragique, condamné à devenir le dernier représentant de sa race, chose dont il se rend compte abruptement dans un très beau final. Gageons que l’acteur s’en sorte beaucoup mieux que Routh par la suite…. Si la patte Nolan est sensible tout au long du film, de par le scénario et de l’importance donnée à n’importe quel rôle (tous sont d’ailleurs tenus par de grands acteurs : outre le cast principal, on peut ajouter Lawrence Fishburne, Diane Lane, Christopher Meloni), Zack Snyder apporte tout de même sa touche. Le réalisateur, manifestement apaisé, laisse de côté les ralentis à outrance (300) et le montage epileptique (Sucker punch) pour se réserver quelques plages de pure douceur (les premières bandes annonces semblaient annoncer un film presque malickien) et dynamise le récit par un montage non linéaire avec des flash-backs sur la jeunesse de Clark plutôt émouvants avant de se défouler dans des scènes d’action de grande envergure, détruisant un paquet d’immeubles (le contribuable va tirer la gueule), avec des combats monstrueux et féroces, pas loin de ceux de Dragon Ball Z. Alors, on regrettera simplement des placement de produits un peu trop visibles (Ihop, Sears), l’absence de tout cadavre (il devrait y avoir quelques centaines de milliers de morts) et la faux raccord de l’année : Clark, barbu, trouve sa tenue dans le vaisseau kryptonien et en ressort, sapé et tout glabre, normal. Mais la greffe Nolan/Snyder a parfaitement pris et Man Of Steel enterre Iron Man 3, comme The Dark Knight Rises enterrait Avengers. On bout d’impatience pour Man Of Steel 2, même si on aurait aimé que Warner ne fasse intervenir le caped crusader que dans le 3ème voire 4ème opus…. Note Blu-Ray : 8/10. Evidemment, le Blu-Ray est fait pour ce genre de grand spectacle et la galette est irréprochable, avec en plus un très bon making-of revenant sur l’histoire de Superman mais aussi un module sur les entraînements des acteurs, un petit module sur Krypton et sa technologie et un petit bonus sur Le Hobbit (???). Sébastien Normand Man Of Steel. Film américain de Zack Snyder, avec Henry Cavill, Michael Shannon, Russel Crowe. Sortie salle le 19 juin 2013 et en DVD/Blu-Ray le 23 octobre 2013. Durée : 2h23. Editeur : Warner.
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