Note film : 7/10 Les studios hollywoodiens, toujours à la recherche d’une martingale, ont bien compris l’importance que revêtent chaque jour un peu plus la technologie et le net. Si bien que c’en est presque devenu un genre cinématographique. Entre Facebook (Social network, tragédie sur le pouvoir, la solitude et l’ambition) et Apple (Jobs, navet proche de l’hagiographie), c’est donc Google qui se retrouve aujourd’hui au premier plan avec ces Stagiaires bras cassés, vieillissants, et ne comprenant pas grand-chose à l’ère 2.0. La bande-annonce faisait craindre le pire, à savoir une publicité géante sur Google et sa coolitude supposée. Car la toute puissante entreprise semble avoir trouvé mieux qu’un vulgaire placement de produits (Apple en raffole : on n’a jamais vu autant de Mac à l’écran que ces dernières années) : un film entier à sa gloire. De fait, Shawn Levy (La nuit au musée 1 et 2) semble remplir un cahier des charges et pondre un prospectus pour le géant du net, tellement « swag » avec sa cafèt gratuite, ses locaux gigantesques, ses salles de repos, ses cadres – dynamiques les cadres ; et beaux ; et jeunes. Mais le réalisateur n’est pas dupe, et l’ironie mordante n’est jamais loin. A l’instar des créateurs de la géniale Community, Levy s’intéresse aux « misfits », aux cas à priori inadaptés. Le duo magique de Serial noceurs (Vince Vaughn et Owen Wilson), toujours aussi en phase, toujours aussi drôle (mention spéciale au géant Vaughn, guetté par une folie permanente qui finit toujours par éclater au détour d’une scène) détonne dans cet univers aseptisé où la grande majorité des stagiaires est constituée de jeunes gens bien proprets, bien gentils mais têtes à claques et prêts à tout dans une société ultra-concurrentielle. Car, en creux, c’est bien le portrait d’une broyeuse que fait le réalisateur : broyeuse avec les personnes bloquées au XXème siècle, broyeuse avec les vieux, broyeuse avec les romantiques et broyeuse avec ceux qui ne joueraient pas le jeu de la compétition. Aidé par son casting haut de gamme (avec un Will Ferrell également de la partie, déchaîné le temps de deux séquences), il multiplie les références (partie jubilatoire de quidditch, clins d’œil rieurs à Terminator, La Mouche ou Star Wars), enchaîne bons mots et gags (Vince Vaughn, éternel décontracté n’est pas loin de ses meilleures performances) et s’autorise une certaine mélancolie avec ses deux quadras dépassés mais capables de tisser un lien social auquel les nouvelles générations se refusent. Si le film se plante sur sa dernière partie (nous faire croire que sont les inadaptés qui séduisent Google, c’est un peu nous prendre pour des buses mais c’est ça aussi la magie du cinéma), il n’en reste pas moins une des meilleures comédies de l’année. Note Blu-Ray : 7/10 Making-of plutôt promo, scènes inédites. Version longue disponible sur le disque. Sébastien Normand Les Stagiaires. Film américain de Shawn Levy, avec Vince Vaughn, Owen Wilson, Rose Byrne. Sortie salle le 26 juin 2013 et DVD/Blu-Ray le 30 octobre 2013. Editeur : Universal.
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