Depuis plus de 10 ans maintenant les super héros envahissent les salles obscures, avec un seul mot d’ordre : la surenchère. Mais force est de constater que ce brouhaha frénétique et mercantile a rapidement tourné à vide, hormis les réussites de Christopher Nolan. Mais Kick-Ass (Matthew Vaughn) donne un grand coup de pied dans la fourmillière en 2010. Exalté, hypra-violent, drôle le film gifle son public, trouvant d’un coup le reste des héros bien fadasses . Sans être un énorme succès salles, le long-métrage, tenace dans les esprits, prend vite des allures de film culte et convaint les producteurs à lancer une suite, qui déboule aujourd’hui en Blu-Ray. Kick-Ass en a-t-il toujours autant dans le slip ? Donner une suite à Kick-Ass était un pari risqué : sorte de bras d’honneur aux films hollywoodiens, le film n’épargnait rien ni personne. Déjouant habilement les codes de Super héros movie (Kick-Ass pouvait être un cousin de Spider-Man), il nous montrait un héros hyper sexué, pas indestructible (il se faisait castagner durement), parfois même un peu lâche. Mais la vraie réussite était Hit-Girl (Chloe Grace Moretz), cette incroyable gamine de 10 ans, coupeuse de bras, de têtes, fan de jet-packs et de bazookas. Au-delà de la virtuosité des combats et des scènes de gore franc et très visuel, le film étonnait surtout par sa noirceur bien loin des standards de la prod US : on n’avait jamais vu une nénette de moins de 15 ans se prendre d’aussi grosses tatannes tandis que le sort réservé à Big Daddy (Nicolas Cage dans un de ses seuls bons rôles de ces dernières années) frôlait le sadisme. D’autre part, Kick-Ass 2 se frotte à un autre obstacle de taille : s’il paraissait difficile de surpasser la dureté de Kick-Ass, Mark Millar, scénariste du comics, poussait les limites au maximum dans le deuxième opus, avec deux scènes proches de l’insoutenable, si bien que l’adaptation cinématographique semblait bien compliquée. Et pourtant l’inconnu Jeff Wadlow, qui reprend le bébé laissé par Vaughn, n’a pas à rougir de son glorieux aîné. L’effet de surprise disparu, le réalisateur capitalise sur l’abondance : plus de bastons, plus de vulgarités, plus de héros, plus de villains … Car le virus du super héros et du super méchant prend maintenant des dizaines de personnes, qui régleront leurs différends dans un final dantesque. Affublés de costumes et de noms ridicules, deux personnages sortent haut la main du lot, le Colonel Stars (Jim Carrey, de retour au top en 2013 avec ce film et Burt Wonderstone) et l’incroyable Mother Russia, qui débite du flic sans sourciller. Mais les vraies stars sont évidemment les jeunots Dave/Kick-Ass (Aaron Taylor-Johnson), Mindy/Hit Girl et Chris/The Motherfucker (Christopher Mintz-Plasse, déchaîné) : si promptes à défoncer du monde, ils sont au fond des orphelins un peu perdus, à la croisée des chemins et doivent décider quelle personne ils seront. Si Dave continue dans la même voie que dans le premier film, Mindy pourrait bien devenir une ado comme les autres, à adorer telle ou telle popstar, tandis que Chris se perd définitivement en devenant une raclure totale, bien pire que son père décédé, incapable de stopper l’infernale spirale de la vendetta. Si le film se tient moins sur la durée et si la morale est parfois un peu douteuse (les super héros en herbe sont un peu trop enclins à faire abstraction de la police, mais c’est finalement aussi le cas de Batmou et consorts), la fin nous fait trépigner à l’idée d’un 3ème film. Blu-Ray: Nickel techniquement. Bonus : commentaires audio, featurette, début alternatif et un making of plutôt complet (on regrettera tout de même que la petite crise de Carrey au moment de la promo ne soit pas traitée : suite à une tuerie en Amérique, l’acteur s’est complétement désolidarisé du film, le jugeant trop violent). Kick-Ass 2. Film américain de Jeff Wadlow. Avec Aaron Taylor-Johnson, Christopher Mintz-Plasse, Chloe Grace Moretz. Sortie salle le 21 août 2013 et DVD/Blu-Ray le 21 décembre 2013. Durée : 01h43. Editeur : Universal.
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