La comédie US, portée à bout de bras par Ferrell, Apatow ou encore le Frat Pack, brasse très large et régulièrement pond des films bien plus calibrés, moins fous, plus aptes peut-être à fédérer les foules. Mais, si le ciné frenchie, lui, nous gave de comédies un peu plus commerciales et un peu moins marrantes chaque année (chaque semaine en fait), le ciné yankee trouve toujours la situation qui fait mouche, la vanne caustique (vous êtes caustique Monsieur Pierre), le personnage décalé. Ici Les Miller s’engouffre dans le créneau de la famille dysfonctionnelle : la cellule familiale est moquée, meurtrie, maltraitée, ridiculisée mais finalement grandie. Et c’est bien dommage. Dodgeball, fleuron comique des années 2000, fort de son concept en béton et de ses cadors Vince Vaughn et Ben Stiller, nous faisait oublier qu’il y avait quand même quelqu’un pour mater le combo : Rawson Marshall Thurber. Plutôt discret depuis, le réalisateur refait surface en 2013 avec, à priori, pas le plus fou des pitchs : quatre américains moyens (même si David Clark-très bon Jason Sudeikis, qui confirme film après film- deale, il n’est pas tout à fait Tony Montana) doivent passer une quantité pas trop trop négligeable de cannabis du Mexique au pays de l’Oncle Sam. Autant dire qu’entre Breaking Bad et Weeds, le sujet a pas mal été défriché par ailleurs. Mais ici, ce n’est qu’un mcguffin et ce qui intéresse Thurber, c’est de démolir méthodiquement et frénétiquement le sacro-saint modèle familial. Obligé de s’entourer d’une famille fictive, Clark met le grappin sur les premiers venus : sa voisine stripteaseuse (Jennifer Aniston, aussi gratinée que dans Horrible Bosses et après quelques bons navets et une tentation indé –The Good girl– semble s’épanouir dans ce genre de rôles qui lui permettent de déblatérer toutes sortes d’horreurs que Rachel Green ne pouvait absolument pas sortir), son voisin de 17 ans (la révélation Will Poulter) et la fugueuse du quartier (Emma Roberts). Le quatuor dysfonctionnel mis en place, il peut ruer dans les brancards : Casey (Roberts), sort les pires salaceries imaginables, Rose (Aniston), sous couvert d’une prière familiale, y va de son petit taquet antisémite… Quant à David, il voudrait forcer son fils (fictif mais quand même) à pratiquer une gâterie à un policier mexicain et, suite au refus, l’accuse d’homophobie… Si les quatre comédiens fonctionnent à merveille, les seconds rôles ne sont pas en reste, méritant presque à eux seuls un film : l’énorme Ed Helms (The Office, Very Bad trip) en improbable baron de la drogue qui s’achète un orque et surtout Nick Offerman (Ron Swanson dans Parks and Recreation) et Kathryn Hahn (vue aussi dans Parks and Recreation ou plus récemment dans La Vie rêvée de Walter Mitty). Le couple qu’ils incarnent croise la route de nos héros et serait une sorte de double maléfique de cette famille tordue : lui, agent de la DEA hyper loyal ; elle mère protectrice et aimante. A leur contact, les Miller apprendront à être une vraie famille, David et Rose faisant notamment l’expérience des affres de la parentalité, se souciant bien plus qu’ils ne l’auraient imaginé de Casey ou de Kenny. Et c’est là que le film s’essouffle un peu, lorsque la famille malpolie laisse peu à peu place à un modèle que le réalisateur avait consciencieusement déglingué jusque-là. Le sans-faute n’était pas loin mais on retiendra une excellente première partie et quelques folles embardées (la piqûre d’araignée, les scènes de triolisme…). Blu-Ray : A l’instar du film, galette généreuse avec making of, nombreuses scènes coupées et version longue. Les Miller. Film américain de Rawson Marshall Thurber. Avec Jason Sudeikis, Jennifer Aniston, Nick Offerman. Sortie salle le 18 septembre 2013 et DVD/Blu-Ray le 22 janvier 2014. Editeur : Warner. Durée : 01h50.
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